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Faire une virée à deux…

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283331400x30016101vignettenusetculottesobjectifcor3Il est coutume de dire qu’il vaut mieux voyager à l’étranger avec son compagnon avant de s’engager avec lui. Il semblerait en effet que toutes les tares que l’on porterait en soi se révèleraient au grand jour dans un contexte de dépaysement. Comme si notre véritable nature n’attendait que cela pour enfin sortir de l’ombre. Car en vacances, avec le relâchement que cela engendre, on baisse la garde et le Ca, le Moi et le Surmoi n’ont plus de frontières et peuvent s’entremêler à qui mieux mieux et s’en donner à coeur joie. C’est ainsi que pour les générations qui nous ont précédés, si on suivait le schéma traditionnel « pas de sexe avant le mariage et on ne vit ensemble qu’une fois l’anneau à son doigt », la découverte de l’être aimé se faisait finalement lors du voyage de noces. Et avec le désenchantement qui pouvait en découler. Ainsi, partir en vacances avec son conjoint pour la première fois est à double tranchant. Soit tout ce qui nous plaisait en lui dans notre zone de confort, notre sphère bien connue et notre chez soi qui agit comme une bulle protectrice est maintenu, soit c’est tout le contraire, ses défauts deviennent exacerbés et… exaspérants.

J’ai vécu l’un et l’autre, au cours de mes quelques relations longue durée. Pour le premier, avec qui je vécus près de six ans et demi, si nous avons bien sillonné la France, nous ne sommes partis ensemble, faute de moyens, à l’étranger, qu’une seule fois.  Il avait en effet eu l’opportunité de partir plusieurs semaines au Canada, notamment pour se ressourcer. Au bout d’une semaine chez nos cousins québécois, il m’appelle pour me demander de le rejoindre. Cela correspondait à une sorte de voyage qui scellerait notre union, car nous traversions alors une grave crise de couple. J’acceptai en une fraction de seconde, ayant toujours voulu découvrir Montréal et désirant le retrouver. Deux jours après, j’étais dans l’avion. Mais à peine le pied posé à terre, toute la tension que nous avions vécu les derniers mois, explosa. Il nous fallut bien trois jours pour tenter de l’apaiser, retrouver nos marques et finalement, quand j’ai dû reprendre l’avion pour Paris, nous rendre compte qu’il était évident que nous continuerions ensemble. Tout ceci nous fut possible grâce à notre entente renouée dans cet autre contexte, baignant dans une autre culture, à la découverte, ensemble, de paysages splendides loin de chez nous. Se retrouver à plusieurs milliers de kilomètres a été la plus belle chance pour notre couple de durer.

Ce fut tout différent lors de la relation suivante, car ce furent finalement nos voyages à l’étranger qui contribuèrent à nous séparer, peu à peu. Après un an et demi de relation et pour célébrer son anniversaire, j’offris à M. l’Ex un voyage en Islande, vols, hôtel et excursions compris. Pour la première fois de ma vie, j’avais un salaire décent et je voulais lui en faire profiter. Surtout, j’avais bien manigancé mon coup : une belle déclaration d’amour dans un lieu certes touristique (le Blue Lagoon, ce lagon naturel étonnant à ciel ouvert près de Reykjavik), mais pour le moins romantique. Corps contre corps, entourés de brume, presque invisibles aux yeux des autres, nous ne faisions qu’un. Et quand, le cœur battant, je lui révélai tout l’amour que je lui portais, naquit un petit sourire narquois sur ses lèvres et il me fit une simple accolade. Tout en me disant par la suite que je n’avais fait que proférer « des mots galvaudés » (dixit lui-même). Cette indifférence apparente me fit entrer dans une sorte de mutisme tout le reste du voyage. Et même si nous ne nous sommes séparés qu’un an après, je crois que ce fut à ce moment précis que s’immisça la fin de notre histoire. Cela s’accentua quelques mois plus tard, en voyage en Ecosse où là encore, dès que nous nous retrouvions seuls, nous ne faisions que nous titiller, jusqu’à ce que l’un se mette à craquer. J’ai ainsi le souvenir d’une altercation en pleine rue, entourés de touristes et d’Ecossais qui se gargarisaient d’un tel spectacle. Chose qui pourtant, ne nous arrivait quasiment jamais en France, dans notre cocon douillet où l’on n’osait se révéler totalement. Tant et si bien que désormais, Ecosse et Islande sont devenues pour moi des destinations certes magnifiques, mais ponctuées de souvenirs à oublier.

Ayant connu le quitte et le double, partir en vacances avec mon Actuel hors de notre périmètre de sécurité, pouvait s’avérer un tantinet risqué. On ne sait jamais, après tout. C’est pourtant ce que nous avons fini par faire, il y a quelques jours. Pour la première fois, nous nous sommes retrouvés seul à seul, 24h/24, sans téléphone ni Internet. Rien que nous. Je crains toujours de m’ennuyer, même quand je connais bien les personnes avec qui je pars en vacances et c’est sans doute pour cela que je voyage souvent seul, sac au dos. C’est en effet le meilleur moyen de ne blâmer personne d’autre que soi, si quelque chose ne va pas dans le sens souhaité. Mais avec mon Actuel, si nous avons tout de même eu une dispute liée à un problème récurrent, impossible de s’ennuyer. J’ai toujours besoin de l’amuser, de faire le pitre pour lui, de le sortir de son calme intérieur et surtout, son puits de culture est intarissable. Nous nous sommes répartis avec équité ce que nous voulions chacun découvrir et faire découvrir à l’autre, nous avons pu développer avec plus de sérénité nos projets futurs et nous avons, je crois, renforcé notre complicité. Certes des agacements demeurent ici ou là et seront sans doute toujours présents, mais un besoin de l’autre s’est renforcé bien davantage. Le voyage de noces sera peut-être des plus heureux, finalement…

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